Regard d’un dirigeant sur les méthodes agiles

Introduction

“ça change absolument tout !”

Cette semaine Stéphane Séguin, dirigeant d’entreprise nous explique sa bascule dans le monde de Scrum, les résultats incroyables qu’il a obtenu et pourquoi de nombreux dirigeants d’entreprise passent encore à côté des bénéfices de l’agilité.

Un retour d’expérience qui vaut de l’or , à consulter tout de suite !

Stéphane Séguin : ancien dirigeant

Florent Lothon [00:00:00]
Bonjour ! j'ai le plaisir d'accueillir Stéphane Séguin avec nous. Alors Stéphane va se présenter dans un instant, mais on peut déjà dire qu'il a un parcours assez intéressant, avec des expériences sur des postes à responsabilités et déjà une expérience de l'agilité à partager. Et aujourd'hui, je crois Stéphane que tu nous en parleras mais tu es coach pour des entrepreneurs et des dirigeants. Tu as fait une évolution ou virage de carrière en t’appuyant sur cette expérience que tu as acquise. Et ce que je te propose, c'est de commencer par te présenter, ce sera bien mieux que si c'est moi qui le fait et si, à un moment donné, tu peux faire le lien avec la thématique qui nous intéresse tous qui est l'agilité, ce sera top.

Stéphane Seguin [00:00:46]
Ben écoute déjà, je te remercie. Donc, effectivement, je suis en période de changement assez important dans ma vie professionnelle. Pour me présenter rapidement. J'ai eu 25 ans de grands groupes, dont 20 ans chez Total Énergie et pour aller droit au but, j’ai été dans la dernière ligne droite, beaucoup dans la transformation. J'ai été CEO d'une filiale E-Commerce qui est passée de 10 à 100 millions d'euros de chiffre d'affaires et qui devait rapidement faire en sorte qu'on ne se fasse pas disrupter sur notre marché. Donc, c'était le marché de la vente d'énergie sur Internet, donc on y reviendra, mais l'agilité était absolument fondamentale. Et puis, juste avant que je devienne coach de dirigeants, j'ai été CDO (Chief Digital Officer) donc directeur de la transformation digitale d'une activité mondiale présente dans 140 pays. Là aussi, il y avait des enjeux de transformation et d'agilité à la clé.

Les avantages des méthodes agiles

Les avantages compétitifs

Florent Lothon [00:02:00]
OK, alors justement, t’as pratiquement répondu à une question que j'allais te poser juste après que je m'étais noté, je suis en train de relire mes notes. La question était : Est ce que tu saurais nous dire, justement, à quel point l'agilité a été déterminante dans les challenges que tu as eu à relever avec tes équipes ou tes clients ? Est-ce que tu pourrais arriver à nous résumer ça.

Stéphane Seguin [00:02:25]
Alors, elle a été absolument déterminante. L'exemple le plus flagrant, on était quand même dans une démarche projet qui était très "cycle en V" (approche classique). On était content d'avoir lancé un site Internet qui était Fioulmarket.fr rapidement. C'est à peu près la fois où on a sorti très vite un projet dans un temps qui nous paraissait record. Mais le problème, c'est que nos concurrents ont continué à évoluer fortement et qu'on avait repris notre cycle en V. On avait repris 8 mois de forfait (engagement contractuel du prestataire sur le budget, délais, qualité, respect du cahier des charges), etc. Et qu'on sentait qu'au fur et à mesure que les mois passaient, on prenait du retard significatif par rapport à nos concurrents et aussi par rapport aux besoins, aux « pain points » (problèmes/"douleurs" à résoudre) comme on dit, de nos clients. Donc, quand on a mis en place Scrum, d'une part, on avait l'habitude aussi - sans caricaturer le Cycle en V qui avait aussi ses vertus - mais on avait quand même l'habitude de ne pas tenir nos délais. On avait l'habitude d'avoir des budgets qui avaient tendance à exploser. Et puis, on avait l'habitude de délivrer des choses qui n'étaient pas toujours de très très grande qualité.

Et là, on a basculé dans un monde qui était nettement plus confortable pour le CIO que j'étais, puisqu'on a respecté les budgets à la lettre, on a respecté le timing à la lettre. On a eu une nouvelle version de notre site Internet qui était hyper quali et surtout, on est entré dans une incrémentation, de l’itératif progressif et donc on est entré dans des sprints tous les 15 jours au delà de la nouvelle version de notre site internet. C'est comme ça qu'on a pris une vitesse considérable qui a fait qu'on a non seulement rattrapé nos concurrents, mais on les a doublé.

Les avantages sur l'engagement des équipes

Florent Lothon [00:04:35]
Top ! Du coup, ça c'est l'aspect effectivement business. Être sur du sur mesure par rapport aux attentes des clients, avec une satisfaction client au top, on a l'aspect mise sur le marché. J'essaye d'arrêter d'employer des mots en anglais parce que certains m’en font le reproche, mais on parle beaucoup de "time to market", un enjeu évidemment très fort là dessus. Et puis tenir aussi les cordons de sa bourse en terme de budget, ce n'est pas "open bar", on est tous à la même enseigne à part quelques entreprises peut-être qui sont en mode "open bar". Donc sur ces trois aspects là, ok, c'est très clair. Est ce que tu as ressenti aussi une différence au niveau des équipes, au niveau de la motivation ? Est ce que les équipes ont senti une différence ? par exemple par le fait d'avoir peut être des feedbacks plus tôt sur leur boulot plutôt que d'attendre des mois parfois pour avoir un retour sur leur travail de la part du client ou de ta part. Ou tout autre chose qui peut avoir une influence sur la motivation, l'environnement de travail, la qualité de l’environnement de travail.

Stéphane Seguin [00:05:38]
C’est un changement complet de paradigme parce que, d'une part, j'avais malheureusement l'habitude que les équipes IT (informatiques) soient éloignées de nous, ce qui était frustrant, parce que finalement, on ne mettait pas vraiment de visage sur les personnes qui développaient nos solutions. Et souvent, c’était du coup un peu notre exutoire. On se renvoyait la balle à propos de la qualité qui n'était pas toujours au rendez vous.

Là, il y a eu une union des forces. Il y a eu l'humanisation dans la démarche. Il y a eu à apprendre parce que ça se fait pas en deux jours de basculer dans le Scrum. Il y a eu aussi le fait de rentrer dans l'autonomie des équipes. Et l'agilité, ce n'est pas : "je zigzague toutes les 3 minutes". Si on zigzague, on est en train de dépenser de l'argent… C'est possible, mais on est quand même en train de dépenser de l'argent inutilement. Donc, pour revenir à ta question par rapport aux équipes, je trouve qu'il y a un engagement plus fort. Il y a une relation plus collégiale. Il y a du sens aussi qui est donné aux équipes parce qu'on sent bien que les équipes techniques sont beaucoup plus proches des besoins, de la finalité et que finalement, on est tous en train de concourir à un résultat. Et donc ça, ça change, ça change absolument tout.

Florent Lothon [00:07:18]
Donc, en plus, un meilleur alignement des énergies de tout le monde sur une étoile du Nord a viser. Cool ! super, merci beaucoup ! C'est très clair, très clair là dessus et je pense que c'est des choses qui parleront aussi à plein d'autres personnes qui peuvent hésiter à se lancer dans l'agilité encore aujourd'hui. Une autre question que je m'étais noté, alors c'est particulier parce que c'est une question que je ne pose pas à tous les participants à mes formations, parce que tous ne sont pas dans ton cas. C'est que toi, tu as déjà vécu l'agilité. Tu as mis en place. Enfin, pas forcément toi même mis en place, mais par des équipes, tu as fait le choix d'aller vers un fonctionnement agile, avec sans doute des scrum master qui ont mis en place tout ça et tout ce qui va bien. Et malgré tout, tu es venu t’inscrire à notre formation sur la gestion de projet agile avec Scrum. Donc, la question que j'ai envie de te poser au sujet de la formation du coup cette fois, c'est qu'est ce qui t’a poussé à venir nous rejoindre sur nos formation Scrum ?

Stéphane Seguin [00:08:24]
Alors, en fait, je l'ai vécu, je l'ai vécu même en m’impliquant fortement. Mais j'étais CIO ou CDO (Chief Digital Officer). Et aujourd'hui, comme tu l'as dit dans l'intro, je suis en train de changer ma posture. C'est plus que ma posture, j’ai créé mon entreprise, j'accompagne des entrepreneurs ou des dirigeants. Je voulais déjà approfondir ma connaissance de Scrum, vérifier… Moi, j'aime bien toucher. J'aime bien faire et j'aime bien vérifier que je peux le faire par moi même. J'avais un petit doute qui a été quand même levé, mais pour autant, j'avais aussi une question qui m'a amené vers la formation, votre formation, c'est comment est ce qu'on peut étendre une démarche agile à la conduite du changement au sens plus large ? Parce que l'exercice de Scrum, moi, je l'ai vu essentiellement dans des projets informatiques, digitaux construire un site internet, développer du versioning et j'avais un peu buté sur tout ce qui était conduite du changement. Et je ne voyais pas forcément comment on pouvait transposer le Scrum à une démarche un peu plus globale de changement. Changement au marketing, changement de stratégie, changement dans la formation, changements dans les procédures, etc.

Les avantages de la formation Scrum

Florent Lothon [00:10:05]
Ok très bien. Et du coup, en quoi la formation a pu aider justement à répondre à ces attentes là, à atteindre tes objectifs professionnels associés à ton inscription à la formation. Et tu peux enchainer sur la question suivante : Qu'est ce qui fait la différence par rapport à une autre formation que tu aurais pu suivre ? Est ce qu'il y a un truc que tu as apprécié en particulier dans cette formation qui peut faire la différence ?

Stéphane Seguin [00:10:35]
Oui, alors. Donc, il y a vraiment deux questions, mais elles sont effectivement emboitées l'une dans l'autre. Moi, déjà, ce que j'ai apprécié dans la formation, c'est un peu à l'image du Scrum. On apprend les choses étape par étape. C'est un découpage fin. Que ce soit les vidéos, que ce soit aussi l'accompagnement. Ça, j'ai beaucoup apprécié aussi qu'on soit accompagné, qu'on puisse en équipe réagir sur des particularités de nos attentes et aussi entendre comment les autres personnes qui sont formées, quels sont leurs questionnements. Il y a un côté Mastermind, un côté coaching d'équipe que j'ai apprécié particulièrement. Et oui, ça a répondu à mes attentes parce que d'un côté, j'ai approfondi ma connaissance de scrum, parce qu'il y a à la fois réapprendre le manifeste agile et comment il se décline. Il y a la théorie, mais il y a aussi des exercices pratico pratiques. Donc, c'était assez intéressant. Il y avait aussi le fait que ça soit découpé en modules et le fait qu'il y ait des quiz qui permettent de savoir si oui ou non, on a vraiment compris ce qu'on nous a expliqué, ce que tu nous a expliqué. Il y a aussi l'examen final qui permet de voir si tout ça s'est enraciné. Et par rapport à la problématique de Comment est ce que je pourrais transposer le Scrum dans un domaine plus large qui est la transformation d'une entreprise ? Non seulement tu as eu la gentillesse d'étudier le cas et de relater lors d'une lors d'un Mastermind (classe virtuelle), mais en plus, je vois beaucoup plus clairement la polyvalence, l'ouverture qu’a Scrum. Qui, pour moi, se laisse un petit peu enfermer, c'est pas Scrum lui même, mais il s'est un peu enfermé dans la partie IT (informatique) parce que l’IT a résolu un problème qui était quand même assez majeur, qui était ses effets tunnel, ses problèmes de qualité, etc. Et je crois que dans le monde VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity et Ambiguity — Volatité, Incertitude, Complexité et Ambiguité) le monde qui est tout le temps en transformation, je pense qu'il est assez urgent que le Scrum dépasse ses frontières IT et que on soit nombreux à avoir conscience qu'être dans des rituels, des daily (point de synchronisation quotidienne de 15 minutes maximum), des sprints, etc. Ce n'est pas uniquement un truc d'informaticiens, donc je ne sais pas si je réponds à toutes ces questions, mais moi, ça a répondu à mes attentes. Donc oui, deux fois oui. Et dans la façon dont est faite la formation, je trouve qu'il y a du pratico pratique. Il y a du digeste, il y a beaucoup de pédagogie, beaucoup aussi de vulgarisation, ce qui est quand même assez sympa tout en étant pointu. Parce que tu tu insistes et tu as raison sur quelque part les fondamentaux, les piliers de Scrum. Et je crois que si on passe à côté des rôles, si on passe à côté des instances, si on passe à côté de l'autonomie des équipes, en fait, on est faussement Scrum. Donc je trouve que tu le prends par plusieurs facettes. Et peut être que la facette qui m'a le plus intéressé, c'est celle qui concerne la conduite du changement philosophique, notamment dans le management. Et c'est sans doute une des difficultés liées à la mise en place de Scrum dans certaines entités comme celles que j'ai pu connaître, qui sont des grosses entités.

Florent Lothon [00:15:01]
Merci beaucoup ! J’allais ensuite te demander qu'est ce qui te pousserait à recommander cette formation ? Mais j'ai l’impression que tu viens de répondre. Je sais pas si tu veux ajouter quelque chose ?

Les dirigeants ont beaucoup à y gagner

Stéphane Seguin [00:15:14]
Je voudrais quand même ajouter quelque chose. C'est que pour moi, c'est important. Moi, je suis aujourd'hui, je suis coach, j'ai été dirigeant, j'ai été PDG d'une filiale d'un grand groupe. Je pense que c'est important que les dirigeants s’aculturent et pas que PO (Product Owner) un scrum master. Je pense comprendre et moi, je le voyais avec mon précédent patron, qui était le patron de Total Lubrifiants monde, quand il a compris que derrière l'agilité, il y avait des choses très carrées, des engagements. Même dans son esprit, à un moment, il a employé le terme « militaire » qui peut peut être être surprenant pour ceux qui pratiquent le scrum. Mais il y a quand même quelque part, quand on part dans un sprint, on part dans un sprint.

Florent Lothon [00:16:18]
Il y a de la rigueur.

Stéphane Seguin [00:16:20]
Il y a de la rigueur et je pense que si il y avait plus de dirigeants qui avaient une connaissance de ce que c'est, que le scrum, ça changerait pas mal de choses. Parce que je crois qui encore. Et je le dis en connaissance de cause. Il y a encore une espèce de peur chez beaucoup de hauts dirigeants de dire, c'est quoi ce truc là ? On leur donne les cordons de la bourse qd même, on ne sait même pas exactement là où ils nous emmènent, parce qu'ils ne sont pas foutu de nous dire ce qui se passera dans 2 ans, 3 ans, c'est à dire ce qu'on nous disait avant. Qui, accessoirement, n'était pas tenu, mais je ne veux pas être désagréable avec ce qui a été fait par le passé, mais je pense qu'il y a encore un espèce de doute de dire c'est un engagement de moyens et pas un forfait. Et je pense que moi, j’inciterais bien des gens qui ressemblent un peu à mon profil. À suivre ta formation parce qu'elle est, elle est accessible et à la fois, il faut s'accrocher un peu, mais elle est accessible.

3 conseils pour se lancer avec les méthodes agiles

Florent Lothon [00:17:28]
Très bien et encore merci. Et justement, d'ailleurs, est ce que tu aurais un conseil ou deux à donner à quelqu'un, à toute personne qui, soit se lance dans l'adoption de l'agilité, soit hésite à se lancer dans l'agilité ? Peut être que c’est un moment que tu as pu vivre à un moment donné. Est ce que tu as un conseil en particulier auquel tu penses là comme ça à chaud ?

Stéphane Seguin [00:17:54]
Alors hésiter ? De se lancer dans l’agilité ? J'ai du mal. Sincèrement, j'ai du mal à le concevoir, même si je comprends complètement que c'est une conduite du changement en soi. Parce que, comme je viens de le dire, il y a à la fois un changement d'engagement, il y a un changement aussi dans l'autonomie des équipes, etc. Donc, le conseil numéro un que je donnerais, c'est d'appliquer l'agile à la mise en place de l'agile. C'est d'y aller progressivement. Premier conseil que je donnerais. Le deuxième conseil que je donnerais, c'est quand même d'être accompagné d'avoir un scrum master aux cotés qui soit un scrum master qui ne soit pas ayatollah pour justement respecter la première condition. Et le troisième conseil, c'est de ne pas le faire à moitié par contre. C’est à dire que si on continue à vouloir tout diriger, tout savoir à l'avance, pas forcément donner de l'autonomie aux équipes, je pense qu'en fait, on va avoir un petit boomerang qui va revenir à la figure. Je pense qu'il faut faire confiance au process, quitte à ce que ce soit en mode test and learn, en mode MVP (Minimum Viable Product — Produit Minimum Viable), pour reprendre des termes que l'on emploie souvent dans le scrum. Faire un minimum viable product. Et dire, je commence par un petit bout, je regarde ce que ça donne et au fur et à mesure que les résultats me satisfont, je vais un peu plus loin.

Florent Lothon [00:19:43]
Top ! supers conseils. Eh bien, merci beaucoup Stéphane. Encore merci et je te souhaite de très belles aventures agiles dans la suite. Sur ce nouveau nouveau parcours que tu donnes professionnellement. Au plaisir !

Stéphane Seguin [00:20:01]
Merci Florent. À bientôt.

A propos de l'auteur

Expert de terrain en gestion de projet et management d'équipe. Florent fait partie des pionniers dans l'usage des méthodes agiles sur des projets à forts enjeux en France dès 2007. Co-auteur du livre "Devenir une Entreprise Agile".

Expert de terrain en gestion de projet et management d'équipe. Florent fait partie des pionniers dans l'usage des méthodes agiles sur des projets à forts enjeux en France dès 2007. Co-auteur du livre "Devenir une Entreprise Agile".

  • C’est intéressant comment est vécu ce sujet en France, j’avoue qu’on ne vit pas la même chose au Québec. Merci pour le partage!

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